A deux mois du retour je réalise comment j’ai pu être transportée par les événements sans jamais en contrôler la vitesse. Je n’ai pas vu le temps passer, mais j’ai vu passer tant de choses. Avec ma famille on aime regarder en arrière. On se rappelle « comment c’était quand on était pas si proches ». Maintenant, quand ils parlent de moi, ils disent « my sister (or my daughter) Liza, who’s from France ». Le genre de petits détails qui en disent long sur le chemin parcouru. On essaie de ne pas trop évoquer mon départ, car ça fait mal. Mon « rep » m’appelle souvent pour me demander des nouvelles. Comme d’habitude, je lui dis : tout va bien. Lui est « désespéré » ; il me dit qu’il aimerait bien mettre quelque chose dans la case « problème » ! Alors je lui raconte que la veille j’ai complètement raté le gratin dauphinois, qu’il était brûlé, tendance crâmé. Il me répond : « Ah, voilà un vrai problème, et franchement, ça la fiche mal pour une Française. On rigole bien. »
Liza, Los Gatos, California / Une année scolaire aux USA.