Mes journées sont remplies de rencontres, de fêtes, de tours, de fatigue, d’efforts et de surprises. Je fais la connaissance d’avis, de modes de vie, de points de vue qui m’apportent tant de choses que je n’arrive pas à imaginer qu’il me faudra reconstruire une vie en me privant de tout cela. Je ne me reconnais plus. Il y a trois enfants dans ma famille, et des parents adorables. Notre maison ressemble à une grande maison de vie ; elle est ouverte à tout le monde, colorée et chaleureuse. « J’ai toujours besoin d’une flamme » : tel est le mot d’ordre de ma mère d’accueil.
Ce qui implique bougie mais aussi rires, équilibre, et compréhension mutuelle. Nous nous comprenons à demi-mot ou en nous regardant en silence.
Jamais personne, ici, ne m’a dit des mots blessants. Chacun conseille l’autre, chacun comprend l’autre. Ma mère est professeur, elle dit souvent des choses très émouvantes, elle est très disponible. Ces élèves l’appellent parfois pour lui demander de l’aide. Mon père d’accueil est instituteur, il a une patience en or. Il m’explique des tas de phénomènes, il aime répondre à mes questions. J’en pose beaucoup. Bien sûr, dans une grande maison de vie il y a aussi des situations difficiles (disputes, ordres…), mais dans celle-ci on trouve toujours les solutions.
(Je sais que mes phrases risquent d’êtres ennuyeuses puisqu’elles ne sont que compliments, mais c’est comme ça. Car le bonheur est ainsi fait qu’il est dur d’en parler bien.)
Plus facile de parler de ce qui ne va pas. Alors j’y viens. C’était ma première famille. Elle m’a dit des choses bien blessantes et rendu mes premiers temps de séjour insupportables. Mais j’ai tenu, car je ne voulais pas abandonner.
Je me nourrirai de tout ce que je vis actuellement pendant longtemps.
Maria, Allemande
Une année en France en 97/98