Une autre partie de soi-même

p_1605_314_57_impression|mois_mai-lan|fino_lMaï-Lan, Gilbert, Arizona
Une année scolaire aux USA

Dans moins de deux mois je rentrerai en France, et je crois que mon expérience est déjà assez riche pour que je puisse à présent la partager. J’ai, avant mon départ, lu la plupart des témoignages: ils m’ont beaucoup aidée, en répondant à mes doutes ou à mes espérances. Cette aventure, pour autant, reste quelque chose de personnel, de propre à chacun et à chacune. J’espère vous aider à aborder la vôtre un peu mieux à l’aide de ce billet. En France, j’ai toujours été une personne très sociable et entourée, reconnue pour être drôle et bavarde. Ici, j’ai découvert quelqu’un d’autonome, d’indépendant, qui ne fuit pas la solitude, mais qui au contraire l’accepte ; j’ai tout compte fait visité une autre petite partie de moi-même. Certains étudiants d’échanges parlent de «nouveau moi», de «transformation interne» et de «découverte de soi». En ce qui me concerne, je ne me sens pas changée, juste grandie.

Mes débuts au lycée ont été plus difficiles que je ne l’imaginais, mon arrivée longtemps après la rentrée m’ayant peu aidée. Dans le système scolaire américain, l’élève a une nouvelle classe pour chaque matière, l’équivalent de six classes différentes pour moi. Des avantages et des inconvénients découlent de cette organisation : les personnes à connaître sont plus nombreuses, et les liens forts sont plus difficiles à créer. On se limite facilement à des relations superficielles : des sourires dans la cour, des saluts dans les couloirs et des compliments vestimentaires… mais sans plus. Je considère la plupart des personnes qui m’entourent comme des camarades de classe —certes agréables— mais pas comme des amis. J’ai finalement noué de très bonnes relations avec certaines personnes, mais cela m’a pris du temps. C’était une nouveauté pour une personne comme moi, très «outgoing» (extravertie), fêtarde et par ailleurs habituée à vivre au sein d’une bande.

Je crois que, tout au long de mon expérience, le plus difficile à surmonter a été ma vie sociale avec les gens de mon âge.

Du côté de ma famille, je n’aurais pu demander mieux. Cette famille se compose d’une mère seule et de sa fille de dix ans. Je considère ma mère d’accueil comme un troisième parent mais aussi comme une amie, et sa fille comme une sœur. Je n’ai jamais ressenti une trace de jalousie émanant d’elles. Toutes deux m’ont intégrée comme si j’avais toujours fait partie de leur vie: leur duo s’est simplement transformé en trio. C’est tout leur entourage, amis et famille, qui m’a très rapidement adoptée, et je leur en serai pour toujours reconnaissante.

Je considère que 99 % de moi-même a vécu pleinement ce voyage, et que 1% est resté en France, attendant patiemment son retour.
Au final, je suis aujourd’hui épanouie et je ne changerais pour rien au monde un pouce de mon voyage. Je n’ai pas vécu ce à quoi je m’attendais, mais chaque jour m’a surprise, émue, et confortée dans ma décision: j’ai bien fait de monter à bord de cet avion le 13 septembre 2015.

Si vous avez la chance de vivre cette expérience, foncez et ne vous arrêtez pas. Malgré les obstacles que vous rencontrerez, cette année restera un de vos plus beaux souvenirs et vous enrichira sur de nombreux points. Ces sept mois sont passés extrêmement vite et je ne sais pas quelle sera ma réaction le jour de mon «départ»: je serai sans doute partagée entre tristesse et joie.

J’ai tout de même trouvé un nouveau foyer, et je sais à présent que, de quelque côté de l’Atlantique que je sois, une famille aimante, humaine et généreuse m’attend. Merci à mes parents de m’avoir permis de vivre ce que je vis aujourd’hui, merci pour votre soutien et votre confiance, merci pour tout.